Le syndrome de Silver-Russell

Le syndrome de Silver-Russell

Le syndrome de Silver-Russell (SSR) est caractérisé par un retard de croissance intra-utérin (RCIU) défini par un poids et/ou une taille de naissance inférieur à – 2 SDS, un retard de croissance post-natal avec périmètre crânien (PC) conservé, une asymétrie corporelle (hypotrophie hémi corporelle) fréquente et une dysmorphie du visage.

La fréquence exacte de ce syndrome n’est pas connue.

Le diagnostic clinique est parfois difficile et nécessite souvent l’aide d’un généticien. Un score clinique permet de retenir le diagnostic si l’enfant présente un RCIU associé à au moins 3 des 5 signes suivants :

  • relative macrocéphalie à la naissance,
  • retard de croissance post-natal,
  • front bombant,
  • asymétrie corporelle,
  • difficultés alimentaires sévères (Netchine et al. 2007). Les troubles digestifs et nutritionnels pouvant entraîner des hypoglycémies sont souvent au premier plan, imposant le recours à une nutrition entérale à débit continu nocturne et /ou un nombre plus grand de repas (prise en charge nutritionnelle par les gastro-entérologues).

A l’âge adulte, les tailles sont réduites (tailles moyennes de 139,5cm pour les filles et 151,5 cm pour les garçons) et ne sont généralement pas associées à un déficit en hormone de croissance.

Chez l’enfant, l’existence d’un RCIU associée à un retard de croissance staturale post-natale inférieure à – 3 SDS autorise en France la prescription d’hormone de croissance. L’efficacité du traitement reste à évaluer pour ce groupe particulier de patients ayant un RCIU syndromique. La surveillance doit être attentive pendant la période péri pubertaire et pubertaire car ces enfants présentent souvent une puberté précoce qui peut encore diminuer la taille adulte.

Enfin, l’augmentation de l’incidence à l’âge adulte, de complications cardio-vasculaires et métaboliques, bien documentées dans la population générale des patients nés RCIU, n’a pas été évaluée pour ce groupe de patients.

Ce syndrome est génétiquement hétérogène : une disomie maternelle du chromosome 7 est présente dans 7 à 10 % des cas et une anomalie épigénétique du domaine télomérique de la région 11p15 (en miroir de celle retrouvée dans certains syndrome de Wiedemann-Beckwith) dans plus de 60 % des cas de SSR (Gicquel C et al, Nat Genet, 2005). Cette anomalie est responsable d’une perte d’empreinte du gène H19 (avec expression biallélique alors qu’il est normalement exprimé qu’à partir de l’allèle maternel) et de la perte d’expression du facteur de croissance fœtale, IGF2, normalement exprimé à partir de l’allèle paternel. Ces analyses moléculaires sont réalisées dans l’unité de biologie moléculaire d’endocrinologie à l’hôpital Trousseau à Paris.